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février 2023 - BACK TO BASICS


Parfois vers midi en été, à l’heure où même les guêpes ont cessé de s’agiter, je quitte le bord de mer pour m’abriter du soleil dans une vieille maison qui surplombe la plage. C’est un ancien abri à bateaux. Les volets sont fermés depuis longtemps et on y entre par une porte laissée à moitié ouverte. Le sol de terre battue est frais et l’espace est plongée dans une calme obscurité. La lumière n’entre que par les tuiles absentes du toit. Elle scintille en faibles pointillés qui semblent danser à la surface des murs. Balais lumineux vibrant au gré du vent. Comment recréer cette ambiance apaisante ? Comment construire ailleurs un espace baigné de tant de liberté ?

Je dessine assis dans le courant d’air, adossé au pas de la porte. Odeur musquée de sel et de carouble. Le chant des vagues mêlé au son des cigales résonne en arrière-plan. Je n’ai pas besoin de voir au dehors pour savoir ce qui s’y trouve et j’imagine : des fourmis qui passent sur leurs longues pattes grêles, le reflet d'un arbre qui ondule sur le sol, des rochers tordus comme s’ils avaient été rongé par un animal vorace, les pentes de Poulithra couvertes d'oliviers qui s’éclairent sous l’ondée du vent, la chapelle d’Agios Yorgos qui brille sur son rocher, les falaises d’ombres de Leonidio qui plongent de l’autre côté de la baie, et l’eau infinie qui court jusqu’aux îles d’Hydra, de Spetses, et au-delà vers des terres dont je ne connais pas les noms. J'imagine et je me questionne : a-t-on réellement besoin de fenêtres pour contempler l’horizon ?

Je crois que j’essaye de recréer partout cette maison sans porte. Fabriquer ailleurs cet espace calme et baigné d’une lumière sans fenêtre. L’extérieur se présente comme un ailleurs que l’on devine sans le voir vraiment. Les parois laissent passer le vent, le bruit et les odeurs. Elles abritent sans enfermer. On est dans un entre-deux où la nature traverse chaque aspérité des murs et où l’espace est aussi fait de sons et de bourrasques d’air chaud aux parfums suaves. On peut s’y reposer pleinement, seulement protégé par ce toit ouvert à toutes les pluies. Rien ne me retient d’autre que cette ombre salvatrice, ni propriété, ni mobilier. Mais peut-on vivre dans un tel lieu autrement qu’en vacances ?


Thomas Mouillon







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